Paul Klee, La vision créatrice de l'artiste

Paul Klee, St. Germain près de Tunis (à l'intérieur des terres), 1914




Permettez-moi d'user d'une parabole, la parabole de l'arbre.

Notre artiste s'est donc trouvé aux prises avec ce monde multiforme et, supposons-le, s'y est à peu près retrouvé. (...) Cette orientation dans les choses de la nature et de la vie, cet ordre avec ses embranchements et ses ramifications, je voudrais les comparer aux racines de l'arbre.

De cette région afflue vers l'artiste la sève qui le pénètre et qui pénètre ses yeux. L'artiste se trouve ainsi dans la situation du tronc.

Sous l'impression de ce courant qui l'assaille, il achemine dans l'œuvre les données de sa Vision.

Et comme tout le monde peut voir la ramure d'un arbre s'épanouir simultanément dans toute les directions, de même en est-il de l'œuvre.

Il ne vient à l'idée de personne d'exiger d'un arbre qu'il forme ses branches sur le modèle de ses racines. Chacun convient que le haut ne peut être un simple reflet du bas. Il est évident qu'à des fonctions différentes s'exerçant dans des ordres différents doivent correspondre de sérieuses dissemblances.


Paul Klee, Théorie de l'art moderne, 1924

Paul Klee, Autour du poisson, 1926



Paul Klee, Autour du poisson, 1926

   Pour parler de l'expressionnisme, il faut d'abord parler de l'impressionnisme. (...) L'un et l'autre invoquent un point décisif de la genèse de l'oeuvre : pour l'impressionnisme, c'est l'instant récepteur de l'impression de nature; pour l'expressionnisme celui, ultérieur, et dont il n'est parfois plus possible de démontrer l'homogénéité terme à terme avec le premier, où l'impression reçue est rendue. Dans l'expressionnisme, il peut s'écouler des années entre réception et restitution productive, des fragments d'impressions diverses peuvent être redonnés dans une combinaison nouvelle, ou bien des impressions anciennes réactivées après des années de latence par des impressions plus récentes.
Paul Klee, Théorie de l'art moderne, 1924 



 Paul Klee, Carnet de notes personnelles
  Paul Klee, Carnet de notes personnelles

  Une conséquence majeure de l'attitude expressionniste est en effet d'élever la construction au rang d'un moyen d'expression, son insistance opératoire. (...) Pour s'intégrer à une armature plastique intéressante, les maisons se mettent à pencher (car nul ne songe à adopter un principe de construction restreint à des horizontales et à des verticales); violence est faite aux arbres, les humains ne sont plus en état de vivre, l'objet devient méconnaissable.
Paul Klee, Théorie de l'art moderne, 1924

Paul Klee, Gradation statique-dynamique, 1923
Artiste : Paul Klee
Titre original : Statisch-dynamische Steigerung
Date : 1923 
Dimensions (H x L) : 38 x 26 cm
Technique/Matière : aquarelle, encre (matériau), gouache, huile sur papier, papier (matière)


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