Sébastien Stoskopff, Vanité avec un vase de thériaque


Artiste : Sébastien Stoskopff 
Création : 1627
Genre : Vanité 

Sujet (1) : Rendre visible l’invisible, est-ce la vocation de l’art ?

Sujet (2) : La mort ôte-t-elle tout sens à l'existence humaine ?


Texte (1) : Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798, tr. fr. M. Foucault, éd. Vrin, pp. 46-47. 

   La peur de la mort qui est naturelle à tous les hommes, même aux plus malheureux, et fût-ce au plus sage, n'est pas un frémissement d'horreur devant le fait de périr, mais comme le dit justement Montaigne, devant la pensée d'avoir péri (d'être mort) ; cette pensée, le candidat au suicide s'imagine l'avoir encore après la mort, puisque le cadavre qui n'est plus lui, il le pense comme soi-même plongé dans l'obscurité de la tombe ou n'importe où ailleurs. L'illusion ici n'est pas à supprimer ; car elle réside dans la nature de la pensée, en tant que parole qu'on adresse à soi-même et sur soi-même.
    La pensée que « je ne suis pas » ne peut absolument pas exister ; car si je ne suis pas, je ne peux pas non plus être conscient que je ne suis pas. Je peux bien dire : je ne suis pas en bonne santé, etc., en pensant des prédicats de moi-même qui ont valeur négative (comme cela arrive pour tous les verba) mais, parlant à la première personne, nier le sujet lui-même (celui-ci en quelque sorte s'anéantit) est une contradiction.

[1] Verba : Attributs.

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